dimanche 22 novembre 2009

Stéphane Martel

Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais j'ai l'impression que mes souvenirs d'enfance sont beaucoup plus ancrés en moi que ceux qui sont survenus dernièrement. J'ai l'impression que mon enfance est plus à l'intérieur de moi que ma vie de femme. L'impression de ne pas avoir changé tant que ça, l'impression que la petite Nicole habite toujours au même endroit. Lorsqu'elle ouvre ses yeux, elle est en classe. Elle observe attentivement ses amis qui bougent, qui ne parlent pas, qui ont peur, qui sont heureux ou tristes. La petite Nicole ressent tout ce monde en même temps. La petite Nicole a des antennes sensibles.

J'observais beaucoup Stéphane Martel. Il était facile à regarder, il était blond comme un champs de blé et il bougeait énormément. On disait de Stéphane qu'il était surdoué. Il avait réponse à tout c'était bien vrai et toujours des 100%. Je savais aussi que sa mère était décédée. Il ne fallait pas en parler. Je me disais qu'il n'y avait rien de pire au monde que la mort d'une mère. J'ai toujours senti le malheur sur sa tête comme une forte odeur, sentiment de déjà vu. Et puis un jour, j'ai revu une ancienne amie de mon enfance et je lui ai demandé des nouvelles de lui. Elle m'a répondu qu'il était décédé à l'adolescence.

Pourquoi je vous parle de Stéphane aujourd'hui ? Je ne sais trop pourquoi. Je ne veux pas pas qu'il soit mort pour rien. Une existence de quelques années et puis plus rien. Il avait un nom, Stéphane Martel, il était blond, surdoué, très enjoué et... il avait le malheur au dessus de sa tête...Une sale odeur que je pouvais sentir mais dont je ne pouvais rien faire...

Je crois sincèrement qu'on a tous des antennes sur la tête, des petites, des grandes, des grosses, des drôles aussi, c'est de l'intuition tout simplement. Y'a rien de magique là-dedans. Les miennes sont hypersensibles c'est tout.

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