dimanche 31 mai 2020

UN BAIN DE FORÊT





-Qu’est-ce que tu as fait en fin de semaine, Nicole ?  Me demanda l’une de mes collègues. 

-J’ai scié du bois au chalet. Depuis 3 semaines, je nettoie mon boisée et je travaille fort.

-Ah bon. Ce n’était pas plate (monotone) ?

-Non, au contraire, rien de mieux pour se vider le cerveau.  C’est méditatif et physique en même temps. Mon chum s'occupe des grosses bûches, pis moi, du reste. 

-Ah ok.

Je n’ai même pas eu un petit wow !  Juste un ok, plate comme une bière flatte.  C’est certain que j’aurais pu dire, je fais de la sylvothérapie, je prends un bain de forêt.  Là, ça aiguise la curiosité.  J’aurais sûrement eu un, c’est quoi la sylvothérapie ?  Une médecine préventive venue du Japon, ma chère.  En gros, elle est basée sur les bienfaits physiques et psychologiques de la nature. Notre taux de cortisol baisse, alors cette hormone liée au stress augmente nos globules blancs impliqués dans la réponse au virus. Pis les virus, ben, on commence à connaître, sauf un, mais on va l'oublier deux secondes. 

De l'air, se mettre le nez au vent est devenu un besoin vital parce que pour plusieurs, le pif, il se retrouve enfermé dans un masque, un couvre visage !

Vous n’avez pas de forêt et bien un parc près de chez vous peut faire l’affaire, mais de grâce, ne sciez pas les arbres !






Crédits photos: moi-même

lundi 18 mai 2020

La serviette sur la tête


Crédit photo: Pixabay

La serviette sur la tête, cheveux mouillés, on jase. 

C’est que j’arrive de 3 jours de sciage de bois au chalet.  Là-bas, la vie est comme avant.  Je ne prononce même plus le nom de vous savez quoi, juste à l’entendre, partout en tout temps, les orteils me frisent. Mais autant s’adapter, autant s’entraider.  Prendre le taureau par les cornes parce que le retour à la normale n’est pas pour demain.

‘’Ce n’est pas parce que la vie n’est pas élégante qu’il faut se conduire comme elle’’. 

François Sagan
Des bleus à l’âme.


Après avoir suscité des craintes, et ce avec raison, la réouverture des écoles primaires a somme toute bien été. Fiston, le prof, a aimé son retour à l’enseignement avec ses 11 poussins de 5ième année (9-10 ans).  Habitué à une classe de 23 crocodiles, il y voit une grosse différence. Les liens se créent plus facilement, le gâteau lève vite.  Créatifs, les jeunes inventent des jeux distancés à la récré. Par contre, pas toujours facile de maintenir les mesures d’hygiènes, mais dans l’ensemble, l’œuvre semble positive. En bon français, c'est un work progress, c'est donc à suivre jusqu'à la sixième et dernière semaine. 

Petits comme grands, on veut juste faire de notre mieux dans le pire. Comme moi, tantôt, avec ma teinture maison pour cacher mes cheveux blancs. Ciel que j’ai hâte que les salons de coiffure ouvrent.  Scier du bois est vraiment plus facile que de s’appliquer une couleur douteuse dans une chevelure indomptable et rebelle. Le plus compliqué, c'est vraiment le derrière de tête, même le miroir n'a pas voulu m'aider ! 

Dans ce tourbillon, nous sommes tous dans le même bateau, un voyage imposé avec au programme une traversée indéterminée.  Apprendre à se faire une belle vie quand même, on y a droit. 

Bon, je vais aller voir la couleur. Même là-dessus, je n’ai pas le contrôle.  

dimanche 10 mai 2020

La fête est triste


Crédit photo: Pixabay (Banksy)

La tête par en avant, penchée vers le sol, je m’étire. En ouvrant les yeux, j’aperçois sur mes cuisses de la peau d’orange, plus communément appelée de la cellulite.  Ça m’a pris 58 ans pour qu’elle apparaisse sur cette partie de mon corps.  Des fois, j’oublie que nous sommes en période de pandémie.  Je n’écoute plus les mauvaises nouvelles sur le sujet, je travaille et je maintiens ma routine d’activité physique. 

J’omets presque que :

Le Québec est divisé en deux, les régions et Montréal. Celle-là est l’épicentre du foyer d’éclosion au Canada. Deux de mes trois enfants et ma petite fille vivent là-bas.  Ma fille m’a dit que les Montréalais ne respectent pas du tout la distanciation sociale. Alors déconfiner cette méga ville, à la fin de mai, ne me semble pas du tout une bonne idée.

Et dans la belle ville de Québec, mon autre fils recommence lundi à enseigner. Visière, masques et des mesures sanitaires strictes à respecter au menu.  Monsieur le prof au primaire travaille dans une école privée.  Bien chanceux pour lui parce qu’au public, je connais des enseignants qui n’arrivent même pas à avoir les produits désinfectants.  Les bottines ne suivent pas les babines des points de presse. Difficile de faire tourner un paquebot dans un lac. L’organigramme au public est peut-être trop lourd. 

En cette journée nuageuse de la fête des mères, je n’ai pas la tête dans les nuages. Comment ne pas penser à toutes les mamans, les grands-mamans, décédées de la Covid-19 dans les CHSLD ? Combien aujourd'hui de gens pleurent cette triste réalité ? Cette année, la fête est triste.

Je vais essayer de faire l’autruche, la tête par en avant, penchée vers le sol, enterrer mes pensées.  Pendant que d’autres vont mettre en terre, on ne sait pas quand, celle qui les a mis au monde.  Bonne fête des mères malgré tout...


dimanche 3 mai 2020

À 2 mètres de l'autre


L'excellente Élisabeth Moss dans la série La servante écarlate de l'auteur Margaret Atwood. 


À 2 mètres de l’autre, je serai.  Facile à dire, moins facile à faire !  Depuis le 13 mars dernier, Covid-19 a pris le contrôle de nos vies pour y installer la peur.  Depuis tout a changé.  Déjà qu’il y avait le cancer, c’était bien suffisant !  Je veux me réveiller de ce mauvais film de science fiction ! 

Le déconfinement progressif a commencé depuis peu et avec lui, la règle du 2 mètres de distanciation sociale imposée.  Enfantin la fin de semaine lorsque je me promène dehors en milieu rural, beaucoup plus difficile à mon petit bureau de la ville de Québec. À moins d’avoir un énorme chapeau qui m’oblige à garder ma distance avec l’autre, cette règle à application variable est l’une des plus difficiles à respecter.  On joue au ping-pong de l’oubli, on fait des acrobaties.

Comme le lien de confiance est déjà établi avec mes collègues, il est ardu de garder la distanciation et ce, sans me trouver moi-même trop exigeante, voire paraître caustiquement poule mouillée. C’est malaisant de redire et répéter la même rengaine.  Dans mon cas, je crois bien que j’opterai pour le port du masque.  Reste à savoir si j’arriverai à le mettre sans me sentir l’extraterrestre du troupeau, la servante écarlate du bureau ! 

Avant, je cherchais à pimenter ma vie, maintenant, j’essaie juste de la protéger. Quelle période troublante ! À suivre...