lundi 21 décembre 2020

Un Noël Covidien

 


Il est certain que cette année, les fêtes seront différentes et ne ressembleront en rien aux années précédentes. Covid oblige, on devra faire avec.

Dans nos petites bulles rapprochées, pas de party, mais beaucoup de visioconférences. Faut se rappeler que ce n’est pas parce que l’on ne se verra pas, en chair et en os, que l’on ne s’aimera pas, mais la distance fera mal, je vous l’accorde. On dit que l’extraordinaire est dans la profondeur de l’ordinaire.  C’est mon mantra de la semaine.

Qu’ils sont loin les Noëls de mon enfance avec la pile de manteaux de fourrure sur le grand lit de mes parents et des festivités qui n’en finissaient plus.  De la grande table des adultes collée à celle des enfants, on pouvait y trouver de la bonne tourtière du Lac-St-Jean avec un lièvre dedans. C’était surtout la famille Girard de ma mère, des joyeux boute-en-train aidés par la bière, le gros gin et l’alcool fort. La matriarche, ma grand-mère Améda admirait sa fille, la femme orchestre. Son tablier sur sa belle robe, elle papillonnait à s’en étourdir. Les adultes buvaient et jouaient aux cartes longtemps, cantonnés dans un immense nuage de nicotine. Une fête n’attendait pas l’autre, mais la cacophonie était une douce musique à mes oreilles. Ce n’était pas tant les cadeaux, c’était l’esprit de famille qui m’emballait. Et puis, tout ce beau monde repartait en voiture, pas attaché, une bière entre les jambes. Faut croire que les miracles existent. 

Vint les Noëls de ma propre famille, mon conjoint, mes enfants et la présence unique de ma mère.  Des fêtes avec leurs propres couleurs, beaucoup plus tranquilles. À la fin de la soirée, ma maman attendait, bien assise sur une chaise, son chapeau de fourrure sur la tête. Signal qui voulait dire : La fête est terminée, venez me reconduire ! Le goût de festoyer a pris la poudre d’escampette, avec elle, à sa mort en 2014.  Le temps des fêtes est devenu tristounet, mélancolique. Ce qui était acquis ne l’était plus.

Fiston a terminé ses 48 traitements de chimio.  On saura cette semaine s’il est en rémission ou s’il devra se faire opérer et/ou refaire de la chimio.  On zieute l’espoir malgré la peur.  Les deux jouent à cache-cache.