jeudi 23 juin 2022

La sexagénaire

 

                                           Crédit photo: Sacha Goldberger

Je suis en mode vacances au Québec, bien heureuse de ne pas dormir dehors pour d’obtenir un précieux passeport afin de partir à l’étranger. J’ai le cerveau libre comme un papillon, un battement d’aile au spectacle de Clara Luciani, un autre au Grand Prix de Montréal, un petit dernier vers Lara Fabian. Il y en a qui se libère de leur brassière, moi, je savoure la délivrance du port du masque jusqu’à la prochaine vague. Immunisée pour trois mois de la Covid, même si je sais que je peux rattraper le méchant virus, mon esprit reste insouciant, désenchaîné, euphorique. La sexagénaire s’excite comme une ado.

Progressivement, je me suis transformée en pigeon voyageur de La Malbaie à Montréal, en attente de mon envol pour la Gaspésie et l’Anse-St-Jean au Saguenay. Malgré l’inflation et la manque d’employés, le Québec est beau dans la démesure de son territoire, de ses paysages et surtout de ses humains qui y habitent. La sexagénaire aime les gens.

Lorsque je suis allée à Montréal, j’ai encore constaté que la langue anglaise y dominait implacablement, tout le contraire des régions, où le français y règne en roi et maître. Bref, deux solitudes habitent notre belle province, et un jour, pas si lointain que cela, le français sera minoritaire à Montréal au même titre que les langues autochtones (cries, inuktitut, innu/montagnais et atikamekw). Je m’y résigne de plus en plus, la règle étant que c’est la langue du commerce et des affaires qui prédomine. Cette méga-ville deviendra progressivement une sorte de Louisiane avec ses quartiers banlieusards français de l’époque coloniale. La sexagénaire est une sorcière tristounette.

Mes enfants vous diront que l’environnement et plus important que la lutte du déclin du français dans la métropole, certes, ils n’ont pas tort, mais l’un peut aller avec l’autre. Ils ‘’chilleront’’ à La St-Jean, elle fêtera avec eux. La sexagénaire, des fois, se sent du passé. 

Bonne fête nationale un peu, beaucoup, passionnément ! 

mercredi 15 juin 2022

Les conseils de Simon Boulerice

 



Photo: Jean-François Lemire, Shoot Studio


Voilà, c’est fait, j’ai terminé d’écrire mon livre, mais ce n’est que le début d’un grand défi. J’ai encore bien du travail à faire, car il me reste à le relire, le corriger, le bonifier et par la suite, demander à des amis d’y trouver les coquilles et de m’émettre leurs commentaires. L’avant dernière étape sera de reprendre la correction en tenant compte de leurs suggestions. La difficulté maintenant est que je n’arrive pas à quitter mes personnages. Ciel que je me suis attachée à eux ! Sans le vouloir, subtilement, j’en m’en suis imbibée.

Le premier jet m’aura pris 8 mois à temps partiel, soit environ 2 heures par jour. Quotidiennement, inspirée ou sans idée, je me lançais. Souvent, pendant la nuit, mon cerveau m’envoyait les informations manquantes, mon livre me suivait dans mon sommeil lové à moi comme un bébé caneton à sa mère.

Pour écrire, il faut aussi aimer lire les autres auteurs et ne pas vouloir atteindre l’inaccessible étoile de la perfection. Je suis réaliste, j’ai le talent modéré et la passion très élevée. Je ne suis pas Muriel Barbery, Éric-Emmanuel Schmitt, Katherine Pancol, Marie Laberge, Dany Laferrière, Micheline Lachance, Jean-Pierre Charland, Pierre Caron, Michel Jean, Yves Beauchemin et Simon Boulerice pour ne nommer que ceux-là. Parce que je pars de loin, de très loin. Celle qui encore, mélange la séquence des sons à l’intérieur d’un mot et change un son pour un autre, celle qui pense qu’elle souffre d’une forme quelconque de dyslexie.

À Noël passé, mon fiston Cloclo m’a fait parvenir en cadeau, une petite vidéo personnalisée du prolifique auteur Simon Boulerice. À ce moment-là, j’étais en chicane avec le plan de mon roman. Je savais l’histoire, mais pas les détails du récit. J’étais étourdis, prise dans un manège qui ne voulait pas s’arrêter. C’est donc l’adorable Simon (oui, je l’aime d’amour) qui a su trouver les bons mots afin que je devienne la plombière qui débouche le tuyau de son premier roman politico-historique. Simon m’a transmis de la confiance avec toute son humanité et bien sûr de bons conseils que je vous refile :

1- Avoir une discipline d’écriture, de la rigueur, tout en préservant sa bonne humeur, son plaisir de rédiger.

2- Le plan est fait pour nous ramener sur le droit chemin, mais comme dit Michel Tremblay, c’est le fun de tourner de l’autre côté lorsque ce n’est pas prévu.

3- Se donner du lousse et s’amuser comme un enfant dans un terrain de jeux.

4- Se surprendre soi-même, car il y a de bonnes chances de surprendre aussi le lecteur.

Une minute cinquante sept secondes qui a transformé mon rêve en réalité. Les grandes lignes de mon plan en tête, j’y suis allée à l’instinct, juste pour oser me surprendre, ce qui a fonctionné.  

À 60 ans, je regarde la petite fille de sept ans de mon passé, celle qui n’arrivait pas à lire et qui prenait des cours privés, la fin de semaine (merci maman), afin de réussir à bouquiner comme les autres, afin qu’un jour, elle monte son Everest et qu’elle écrive son premier roman. Tout cela pour vous dire de ne JAMAIS abandonner.