dimanche 30 janvier 2022

Dessiner sa vie

 


Monsieur le marquis me regarda en me lançant :

-Nicole, demain, dors ! La retraite, c’est fait pour dormir aussi. Tu te réveilles, tu brasses et je n’arrive pas à me rendormir. Le hamster est réveillé dans ma tête.

-Mais j’essaie de ne pas faire de bruit ! Je crois que c’est inconscient. Je dois avoir peur de ne pas avoir assez de temps de réaliser tout ce que je veux faire avant de mourir. J’ai un pétard invisible dans le derrière !

Soit dit en passant, cette conversation quotidienne avec mon chéri, du genre Le jour de la marmotte, arrive toujours en soirée. On finit toujours par en rire.

J’ai souvent dans la tête la chanson de Céline Dion: On ne change pas et vous allez comprendre le comment du pourquoi. J’ai recommencé à crayonner comme dans ma jeunesse lorsque le dessin et le ballet occupaient mes temps libres. Je me souviens de ma professeure de 6ème année qui me faisait manquer mes cours de mathématiques pour compléter une murale collective. Pouvais-je me le permettre ?  Aucunement, bien au contraire.  Je savais que mes notes allaient encore en souffrir autant que mon stress de performance. Faut dire que mon TDAH dans les années 70 n’existait pas encore dans la société. Le pire n’était pas d’avoir de mauvais résultats académiques, juste me sentir différente, malgré mes efforts, me faisait encore plus me réfugier dans ma tête afin de m’y cacher le plus longtemps possible. Ma honte disparaissait avec les formes qui apparaissaient sur le papier.

Hier comme aujourd’hui, dessiner me rend zen, le temps n’existe plus, je m’amuse. Je me sens vaporeuse, nichée sur un nuage, je flotte. J’entends mon cerveau ronronner, bien réveillée, je dors confortablement sur mes deux oreilles, longtemps, longtemps.

vendredi 28 janvier 2022

La belle vie GoVan avec Julien Roussin Côté


La retraite est faite pour voyager, mais en pandémie, l'hiver, faut oublier cela dans mon cas. Alors, je me suis trouvée une émission coup de cœur qui m’amène ailleurs, complètement, La belle vie GoVan sur Unis.TV avec l’excellent Julien Roussin Côté. Je l’écoute sur TOU.TV Extra. Bref, peu importe l'endroit, c'est un incontournable ! 

Dans sa van, Julien traverse le Canada à la rencontre de gens inspirants qui savourent la vie en possédant moins. Fascinant de voir d’autres humains faire le choix de vivre différemment. C’est inspirant, des fois déstabilisant, mais toujours captivant ! Roussin-Côté sait mettre en valeur ses invités, c'est le point fort de l'émission, le respect dans la différence et la diversité. À savourer sans modération ! Avec un verre d’eau ou un bon vino ! 

lundi 24 janvier 2022

La mémé retraitée



Crédit photo: Site Freepik 

Lorsque l'on vieillit, est-ce qu'on change vraiment ? Un peu, beaucoup, passionnément ? Dans mon cas, la retraite au chalet se savoure à la vitesse d’une tortue dans le froid sibérien du Québec. Avant, j’avais la sensation d’être dans une tornade, un gros cumulonimbus sans fin. Il a fallu que j’arrête pour sentir et apprécier la différence et elle est immense, croyez-moi !

Comme aurait dit mon adorable mère, le matin, il ne faut pas me pousser dans le dos, je m'y projette moi-même à chaque battement d’ailes. La retraite, c’est indubitablement une Dolce Vita, en tout cas la mienne. Accompagnée d’un bon café avec refile, je butine les réseaux sociaux, puis j'écris mon roman avec ou sans inspiration. Je suis rendue à cent pages, je vise le deux cent cinquante, aucune date butoir pour y arriver, sauf celle de ma mort que je veux tardive. Le jeudi, j'ai mon cours en littérature à l'Université Laval, celle du 3ème âge, ça existe vraiment ! Sur vingt personnes, deux hommes et dix-huit femmes, la majorité avec de beaux cheveux blancs qui les auréolent dans la lumière bleue de mon écran. La semaine passée, j’ai appris qu’on ne peut pas écrire : Elle se sent triste. Il faut amener le sentiment sans le nommer. Nous avons deux petits ateliers d’écriture spontanée, une méthode qui viole ma vitesse de croisière de nouvelle retraitée. Alors, je triche. Cette semaine, j’ai préparé en avance mes textes. Le stress de performance m’a habité toute ma vie, je n’en veux plus ! Je deviens la mémé délinquante ! 

Dernièrement, j'ai repris le crayon de plomb comme dans ma jeunesse. En mode pause, je vis dans un autre monde. J’ai l’impression de rajeunir avec l’odeur du papier et de la mine HB2. Je sniffe pas de colle, soyez sans crainte. 

Vers 11 heures, c'est la marche santé rapide pendant 60 minutes avec mon conjoint. Encore là, Les reptiles que nous sommes se dandinent à la compagne. Vous saviez qu’une tortue est un reptile qui existait avant les dinosaures ? Pas moi, je continue. Bref, des fois on trottine reptilien aussi, et c’est bien acceptable. En pandémie, Monsieur le marquis, aussi à la retraite, est devenu mon siamois sans les caprices de l'animal. Bonne bouffe, rendez-vous, commissions, entretien du chalet, projet rénovations, lectures, généalogie, TOU.TV, Netflix, sont toujours appréciés. La tortue vaccinée jubile de gratitude, faut juste ne pas trop écouter les mauvaises nouvelles à la télé.

Est-ce que l’on change en vieillissant ? Sur certains aspects, la réponse est affirmative, on vise à devenir un bon vin, en espérant se bonifier au lieu de se vinaigrer. Ma retraite permet de retrouver ma véritable essence, celle de l’artiste, qui s’était peu à peu effacée. Il y a des mémés tortues herbivores, omnivores, carnivores. Moi, je suis la mémé artistevore et comment est la vôtre ?

samedi 15 janvier 2022

Omicron-La bête


 Crédit photo: auteur inconnu

L’été dernier, on ne voulait plus y penser, nous étions vaccinés et le déni s’installait profondément avec la belle saison, le vino et les amitiés retrouvées. La Covid était presque aux oubliettes, sauf pour aller magasiner, masque recouvrant bien notre petit nez. Lorsque l’automne fut venu, la méchante bête sournoisement se métamorphosa afin de mieux survivre. On l’ignora presque, ne la voyant pas venir.

De nouvelles mesures sanitaires modifia le temps des fêtes et pour certaines personnes, des tensions sont apparues avec la parenté des non-vaccinées.  Les divergences et les écarts dans la manière de voir la pandémie en a fait suer plus d’un. Alors la nostalgie du passé se fit sentir, l’époque d’avant, celle de la liberté, sans contraintes, sans trop se poser de questions. Ciel que c’était le bon temps !

Aujourd’hui, à peine enclenché, le niveau maximal de délestage dans les hôpitaux est très inquiétant. On frôle les 3000 hospitalisations, du jamais vu. Il y a deux ans, on pouvait voir des arcs-en-ciel partout, maintenant, on ferme les yeux et on se sert les fesses, en recevant notre 3ème dose en se demandant à quand le prochain variant ?

Chaque époque voyage différemment dans le temps. Au 18ème siècle, le mouvement philosophique, celui des lumières, voulait dominer le monde à la vitesse que pousse un arbre, en combattant l’ignorance par la diffusion du savoir. La lenteur était presque de la vivacité. De nos jours, la rapidité est omniprésente partout, sauf à un endroit… La bête qui ne disparaît pas !

Avoir la foi, c'est monter la première marche lorsqu'on ne voit pas tout l'escalier. Martin Luther King. On lâche pas gang !