dimanche 26 octobre 2008

Prédire la mort


Je suis allée la chercher. Elle est toute usée par la vie, par 31 ans exactement et plus. C'est la serviette avec laquelle j'ai séché le visage de mon père tout mouillé par la pluie lorsqu'il est arrivé de dehors, et qu'il est mort dans mes bras. Elle me réconforte comme une doudou. Elle me m'aide à ne pas oublier cet événement marquant de ma vie.


J'avais 15 ans, j'étudiais seule à la maison. Mon père était allé reconduire ma mère à pied à ses cours de natation. Il pleuvait, un mardi, 26 octobre 1977, à 19 heures 30, il y a exactement 31 ans.


Et puis, soudainement, je me suis levée en état de panique, en pleure en disant: ''PAPA VA MOURIR, papa va mourir''. Ma logique s'est emparée de moi, 3 minutes en me disant : ''voyons, Nicole, t'es rendue folle ou quoi, aucun rapport''. J'ai essayé de me remettre à étudier. Rien à faire. C'était encore plus INTENSE, plus fort. Je marchais en pleurant dans la maison en disant: ''il va mourir, rien à faire son heure est arrivée. Il va mourir''.


Puis, 30 minutes environ (C'EST LONG en état de panique...), il est arrivé... Il avait un ventre énorme (oedème du poumon), son imperméable était trop petit pour lui. Je l'ai étendu par terre et je savais maintenant que je pouvais prédire la mort. Que j'étais différente d'une autre personne mais pourquoi MOI ? Je ne vous raconterai pas en détail sa mort. Je l'ai vu regarder le plafond et je suis certaine qu'il voyait quelque chose de spécial. Comme je n'arrivais pas à enlever son imperméable et que j'était énervée, je suis allée chercher cette fameuse serviette et j'ai PRIÉ si fort, si fort, si fort. J'ai senti une lumière me soulevée, j'étais remplie de lumière et j'ai lévité. Je ne marchais plus, la lumière m'a soulevé. Je me suis redirigée vers lui, et j'ai pu avoir la force d'écouter ce qu'il voulait dire à ma mère et d'être là avec lui et sa mort. Depuis ce jour, je ne suis plus la même personne.


J'accepte la mort de mon père, mais j'ai toujours peur de sentir la mort des autres. Ce don est lourd à porter. Soyez certain que nous avons TOUS une date et une heure face à la mort et que nous ne sommes pas des êtres solitaires face à elle. La lumière est tellement bonne, réconfortante, forte, enveloppante, qu'aucun plaisir sur terre ne peut être comparable. Lorsque la lumière nous enveloppe, on devient une partie de cette lumière, c'est indescriptible.


Aujourd'hui, je vais avec ma fille faire du ''tournage'' en poterie. C'est une activité familiale qui me changera les idées. J'en ai besoin. Je sens mon père présent, et j'ai la chance de le sentir et de le voir aussi. Il faut juste que j'apprivoise ce don.


Un message important: Dites aux gens qui vous entourent que vous les aimez. N'attendez pas de mourir... Lorsqu'on est face à notre mort, on a des regrets de ne pas l'avoir dit. Dites-le, c'est important. Vous ne savez pas l'heure de votre mort, et ne comptez pas sur moi pour vous la dire...

Martine, ma soeur, mon amie: je t'aime ! Papa est près de toi aussi, ne l'oublie pas. Ce que tu ressens est réel. Enveloppe-toi de son amour.

Bisous
Nicole

1 commentaire:

Bella a dit...

Merci, Merci comme je t'aime.


Hier soir à un certain moment, j'ai ressenti le besoin de t'appeler et de te dire que tu n'étais pas seule que je t'aimais. Ce besoin était si intense, si fort. Ce matin, je te lis et là surprise, ton texte mentionne de dire aux gens qu'on les aime. Ouf, j'en ai chaud à quel point toi et moi on s'est rejoint. Notre conversation d'hier matin fut extraordinaire un cadeau pour moi. Oui, Robert nous a quitté mais c'est pour mieux nous guider nous aimer. Il m'entoure toujours de ses bras, ses yeux verts sont lumineux et son regard tout en douceur. Toi, ma belle je te ressens. Je te lis, je te devine aussi. Tu ne savais pas hier soir comment me répondre et tu n'avais pas à le faire. Tu avais besoin de mon coup de téléphone et j'avais moi besoin de le faire. Le pourquoi n'est pas important, la raison n'a pas à être expliquée toi et moi on s'est rejoints et on s'est comprises. Peu importe les mots, même dans les silences on se comprend. Je te remercie aussi de ton partage par rapport à la mort de papa. Ce que tu y as vécu est grand. Toi seule pouvait être avec lui à ce moment-là. Maman n'aurait pas pu vivre cette situation et moi non plus. Tu l'as accompagné comme toi seule pouvais le faire et à partir de ce moment-là tu as libéré le don que tu avais déjà. Non, ce n'est pas simple un don, encore moins si tu peux y voir la mort mais c'est si grand aussi et sert toi de ce don pour aider ceux et celles (simplement parfois avec ton regard, ou tes gestes) à passer à travers cette situation. Tu as été un guide pour papa, tu l'as aidé à partir. Il nous a quitté mais il est tout simplement de l'autre côté. Ce que tu perçois ou ressens, je crois sincèrement qu'il t'accompagne et même si c'est difficile, il sait que tu en es capable. Nous avons aussi échangé sur nos peurs. Moi j'ai toujours la peur de déplaire, de ne pas être aimée et aussi celle de perdre. J'ai si mal parfois. Surtout dans le milieu du travail où je n'ai pas encore appris à prendre ma place et à imposer mes LIMITES. Ce mot t'est venu et tu me l'as transmis. Merci, je le prend comme un cadeau. Oui, je dois me respecter et apprendre à d'abord me donner à moi, à respecter les miennes. J'ai la facilité à respecter celles des autres, mais moi dans tout ça???
Tu me permets de réfléchir encore plus et tu y mets les mots qu'il faut. LIMITE (S) LIMITE (S) LIMITE (S) Me définir et définir les limites afin qu'on respecte qui je suis. Si je change tout, je ne suis plus Martine, la vraie, la pure. Je suis un livre ouvert d'accord mais je peux aussi fermer les pages et y mettre un signet. Avant de passer au prochain chapître il faut terminer celui que l'on a commencé. Je me bouscule souvent et je me culpabilise énormément même si je n'ai rien à voir dans la situation et que j'ai fait de mon mieux. J'accepte la marge d'erreur (s) des autres mais la mienne est à ZÉRO. Pourquoi??? Je dois apprendre, trouver les réponses et arrêter d'être gentille mais être vraie en tout temps. Écouter la petite voix. Elle me parle tout bas mais parfois je ne l'entend pas. Le silence me permet de lui donner la chance de me parler et aussi d'apprendre à écouter les messages de Robert. Aujourd'hui j'ai un sentiment bizarre. Ce matin, j'ai un pressentiment mais c'est positif. Je ressens quelque chose, une excitation mais je ne peux encore savoir pourquoi. Je vais dorénavant laisser toute la place à la petite voix, à l'intuition, aux messages de Robert et à ceux aussi que tu m'envoies au-delà des mots mais avec la pensée. Je t'aime tellement petite soeur. J'ai tellement hâte de rencontrer ton regard. Peu importe le nom que tu as (Nicole, la marquise de pompomville, Madame Lapointe, Pierrette ou autres) tu es ma petite soie, ma petite soeur. C'est dans un sentiment très fort ce matin que je te ressens. Donc, accompagnes-moi dans ce pressentiment et guides-moi en pensées. Je t'en reparle c'est sûr. Je me sens nerveuse, excitée mais dans le bon sens. Que me réserve la journée, la semaine. Peu importe, je suis prête à prendre ce que la vie me réserve. Je suis belle, je suis forte et je suis capable. Ne jamais oublier notre valeur, c'est si simple à dire mais difficile à réaliser à tous les jours. Un travail dont longue haleine mais un merveilleux projet. Merci pour le temps que tu m'as donné hier. Pour notre échange, ce fut extraordinaire d'écouter tes confidences et tes états d'âme. Dans ta fragilité, je t'aime encore plus. Je te prendrais dans mes bras et te bercerai en t'écoutant sans arrêt. Voilà la relation que j'ai avec toi, celle de t'accepter dans ta fragilité et ta force et de me battre avec toi pour que la vie nous sourit et nous comble. Un amour qui ne s'explique pas, aucun mot ne convient, un sentiment tout simplement. Dans toute sa pureté et sa profondeur. Tu ne prédis la mort, je crois que tu prédis le passage de l'autre côté. C'est une façon différente de le dire. Ce n'est pas plus simple à vivre et quand tu es dans cette vibration, ce que tu vis est parfois bien lourd mais tu leur ouvres la porte indirectement. Tu la tiens bien fort et c'est ça qui est difficile. Tu pourrais la fermer et rien ne serait ressenti. Au contraire, tu arrives à maintenir l'ouverture pour les guider vers le sentier qui se trouve de l'autre côté. Tu le fait inconsciemment mais d'une force incroyable, c'est pour cette raison que c'est si difficile pour toi car laisser partir les gens, savoir qu'ils vont partir c'est leur laisser une grande liberté. Ceux et celles qui les entourent ne réussissent pas toujours à le faire. Mais toi tu maintiens la porte ouverte pendant un temps indéterminé afin qu'ils partent. Même si tu ne les connais pas, tu éclaires une partie de leur route vers l'autre côté. Ils te choississent car seul (seules) ils ne pourrait y arriver. C'est un rôle lourd, plein de conséquences pour toi. Tu y mets sans le vouloir toute l'énergie nécessaire. Tu n'as pas le choix c'est là et tu as été choisie. C'est grand et beau aussi quand on voit ce don d'une autre facette. Tu connais probablement inconsciemment l'autre côté ou tu le ressens et quand le moment du départ arrive (peu importe le temps) toi tu as déjà des pas de faits pour les guider et une fois que c'est fait tu es vidée. Je vois ta lumière, rien n'est sombre avec toi même si c'est un sujet délicat, un don dur à porter et à vivre. Tu dois te protéger et tu as appris à le faire mais ce n'est jamais terminé. Par contre, soies consciente de ta grandeur, de ta valeur de ta force et si j'ai à aller de l'autre côté je souhaite que tu m'aides à y parvenir. On ne connaît pas l'avenir mais si je dois quitter ce monde, tiens-moi la main et guides-moi. Tiens la porte bien fort et regardes-moi avec tes beaux grands yeux. On ne veut jamais partir mais quand le temps est arrivé, nous n'avons plus le choix. Donc, si nous pouvons choisir qui sera près de nous, j'aimerais sincèrement que tu y soies. C'est une demande difficile autant pour moi que pour toi mais elle est sincère et c'est important pour moi que tu le saches. Ma petite soeur a une grande place dans mon coeur et dans ma vie, elle est importante et primordiale. Je suis là pour elle à chaque instant. Je t'adore ma petite soeur et j'aime te retrouver. Bravo, pour ce que tu es, et ne changes surtout pas, j'ai besoin de guide comme toi. Robert est d'accord avec moi et me soutient aussi, il nous accompagne peut-être différemment mais il est là constamment et nous éclaire. Chaque petite parcelle de lumière vient de lui et de nos guides. Les grandes lueurs ne sont pas toujours nécessaires, cela dépend de ce qu'il y a à voir. Une petite lueur éclaire parfois plus qu'une grande car elle intensifie ce qui a besoin de l'être. Merci à la vie de pouvoir t'avoir à mes côtés et de te pouvoir te retrouver dans nos silences, nos mots, nos regards. Passes une journée des plus extraordinaires et n'oublies surtout pas, tu n'es jamais seule.
Robert te salue et te remercie à tous les jours pour ce que tu as fait pour lui. Moi, je t'embrasse et te remercie d'être ma soeur. Nous nous sommes choisis.
ET JE TE RECHOISIERAIS ENCORE ET ENCORE. À PLUS TARD, PETITE SOIE, PETITE SOEUR.
Bella xx