J'ai toujours refusé d'acheter les livres de Nelly Arcan. Pourquoi ? C'est simple, j'avais peur de ne pouvoir supporter sa douleur, celle d'une écorchée vive qui jette une logorrhée de mots blessants et assassins d'elle-même et des autres. Logiquement parlant, je fuyais comme la peste la couverture de ses livres à chaque fois que je me retrouvais devant eux.
Et puis hier, en allant reconduire sportif-hyperactif à l'aéroport P-Eliot Trudeau-Montréal, je me suis arrêtée dans une librairie, vous savez celle où les prix sont onéreux et qu'il faut être vraiment mal pris pour en acheter un. Et puis, j'ai comme entendu...
-Allez juste une phrase, tu vas m'aimer, aime-moi !
Je me suis détournée, rien... Je ne suis pas schizophrène quand même ! Voilà que j'ai l'impression d'entendre comme une voix, une forte suggestion ! Je suis fatiguée, c'est tout. J'ai levé mes yeux et devant moi se trouvait tous les livres de Nelly Arcan. Ça fait peur hein ! Bin, bienvenue dans mon monde.
Voilà que je me suis élevée sur le bout de mes 5 pieds et 4 pouces pour attraper ''Putain''. Juste une phrase, pas plus ma belle ! lui ai-je dit. Et elle me répétait: - tu vas m'aimer, tu vas m'aimer !
J'ai ouvert ce livre, un peu comme un cercueil, le sien de septembre 2009, tout doucement et avec respect, puis j'ai aussitôt été foudroyée. Putain qu'elle écrit bien ! Et je l'ai presque entendu rire.
Une seule phrase et j'ai acheté son livre ! Je me suis tapée rapidement une soixantaine de pages et je n'en reviens pas, quel talent ! Jamais lu un livre comme ça. Elle a beau avoir couché avec des milliers d'hommes dans ce foutu livre, elle sait vachement coucher sur papier son mal de vivre. Intensément Nelly putasse avec son corps pour détruire son âme et celles des autres. Ce livre est une gifle au visage de tout être humain. Il faut absolument que vous alliez vous l'acheter ou À ciel ouvert, Enfant dans le miroir, Folle, Paradis clef en main. Pourquoi ? Parce que la grande écrivain qu'était Nelly Arcan le mérite noblement.
1 commentaire:
Nelly Arcand dont je n'ai pas encore lu les romans - j'attends peut-être qu'elle me parle à moi aussi un jour en librairie. Mais je trouve que vos trois derniers billets sont intéressants... Surprenants, en ce qu'ils me poussent à réfléchir sur ces trois types de (vies de) femmes. L'une et l'autre surdouées. J'ai un faible pour la lumineuse Catherine Major.
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