dimanche 12 mai 2013

Écouter ses silences



La fête des mères n'est pas une fête commerciale comme les autres, elle me donne un temps d'arrêt pour permettre d'exprimer à ma mère ma reconnaissance qui, disons-le, n'est pas toujours à la hauteur de ce qu'elle m'a donné.  Il n'y pas de trophée pour encenser le don de vie et bien des sacrifices qui vont avec.  Or, j'ai beau être la mère de 3 enfants, cette date est réservée à souligner l'importance que ma mère a dans ma vie.  

Veillir, c'est apprendre à faire des deuils.  Vieillir, c'est vachement pas facile !   Ma mère de 86 ans (bientôt 87) est devenue mon 4 ième enfant.  Je ne pense que j'étais destinée à avoir une grosse famille parce que la patience n'est pas ma première qualité.  Faut croire que j'ai beaucoup à apprendre dans tout cela.  Facile d'aimer une mère aimable, plus difficile lorsque c'est le contraire parce qu'elle souffre de ne pas accepter ce qui n'est pas toujours acceptable.  Je la vois dépérir physiquement et surtout mentalement, elle en a conscience, elle aussi !   Ma mère était un monument.  Une sportive hyperactive, toujours dans l'action dotée d'un don incroyable pour aider les autres, une aidante naturelle (c'est pas mon cas).  La temps lui vole son corps, son langage (dysphasie) et son discernement autant vous dire que son morale est à la baisse et qu'elle dort pour oublier (j'en ferais autant, je crois bien).  Bien sûr, elle demeure dans un petit château, là où les personnes âgées attendent la mort aussi banalement qu'on puisse attendre à la gare son prochain train.   On ne s'en offusque plus de nos jours.  C'est la vie !   Il y a plein d'activités pour ne pas trop y penser.  Souriez ! 

J'aime la sortir de cet endroit luxueux qui sent la loterie de la mort.  Je passe du temps à jouer au Skip Bo même si ce jeu devient de plus en plus difficile à suivre pour elle tout autant qu'une simple conversation. Ses souvenirs s'estompent peu à peu, son équilibre se fragilise.  Elle refuse une marchette par orgueil car le paraître a toujours été très important, l'être, lui, souffre en silence. Je suis donc là pour les entendre parce que comme en musique, ils sont l'exécution d'un morceau, aussi importants que les notes jouées.  Il ne faut pas les fuir. Il faut juste les apprivoiser.  Lourd de sens que cette fête, je vous dis... La fête des mères, c'est aussi accepter et écouter ses silences...


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