L'art presque perdu de ne rien faire de Dany Laferrière

Lorsque j'aime un livre, je le déguste comme une tortue (lentement) et comme un poisson (toujours dans mon bain) pour savourer et m'imprégner des mots, du sujet et souvent des pensées réverbérantes qu'il m'apporte.  Toutefois, presque toujours je les donne pour les faire voyager afin que d'autres personnes aient le plaisir de la découverte. Rares sont ceux que je garde précieusement car la valeur de donner est plus forte que celle de posséder. ''L'art presque perdu de ne rien faire'' de Dany Laferrière restera bien au chaud chez moi car je veux le relire souvent,  un peu comme un livre de chevet.  Ce grand auteur a un vécu si différent du mien qu'il m'amène beaucoup plus loin que d'habitude dans mes pensées. De beaux textes de réflexions profondes philosophiques et sociologiques savamment bien écrits où s'emboîtent quelquefois de judicieuses citations de penseurs intemporels comme Malraux, Thalès de Milet et cies.  Le lire c'est avoir l'impression d'élever son esprit parce que les mots sont lourds de sens, riches d'être.

Dany Laferrière a l'écriture d'un sage. Il sait manier adroitement ses idées, ses opinions pour m'amener avec lui dans son univers poétique où le fait d'observer la vie devient lumineux en soi. Le lire, c'est se gaver de propos intelligents en vue de méditer sur le sujet par la suite.  Je ne pense pas qu'on puisse le lire rapidement, à la course, comme lorsqu'on mange du ''fast-food'' littéraire.  Somme toute, on accroche à son écriture en ayant l'impression de se délecter d'un plat gastronomique, un suprême de ''quelque chose'' goulu avec un risotto à l'encre du grand Laferrière !  Ce livre est donc un incontournable, à se procurer absolument car pour une fois, je ne le partagerai pas !  Donner vient du coeur et mon coeur, lui, est agrippé à ce livre.  À l'ombre de soi il nous amène ailleurs... vers la lumière.

(À lire avec comme musique de fond Adam Cohen (voix douce caverneuse, des intonations de son célèbre père Léonard Cohen)).