Plafond/Convento de Cristo (ordre des templiers) à Tomar
Crédit photo: moi-même
Voyager, c’est vivre en toupie. Gober tout ce que l’on peut
dans un court laps de temps. Je suis arrivée jeudi dernier du Portugal. J’y ai
découvert son Nord, son centre et son Sud (15 villes incroyables, plus belles les
unes que les autres). De tous les pays visités à ce jour, celui-ci m’a remis
les pendules à l’heure en me faisant prendre conscience de la qualité de vie
que nous avons au Québec (Canada). On le sait, mais on l’oublie ! À part nos
hivers rigoureux et ceci et cela, nous sommes gras dur !
Toujours est-il que la seule guide du voyage, une grande brune
avec des mèches blondes de Porto fut incroyable ! Du haut de ses 48 ans et
avec ses 20 ans d’expérience, cette maman d’un jeune homme de 25 ans
a su m’éblouir en raison de ses impressionnantes connaissances historiques et
sociologiques. C’est justement ce dernier critère qui m’a le plus accroché.
Bien sûr, il y eut les fameuses tartelettes de Belém (une
petite pensée pour le Dr Arruda), les plats typiquement du pays, des paysages
époustouflants et des monastères incroyables. Sans oublier le style manuélin, Henri
le Navigateur, l’ordre des Templiers, mais aussi des informations
pertinentes sur les conditions de vie actuelles des Portugais. Et j’ai appris beaucoup
de choses. Comme quoi ?
Les voici, les voilà.
Après que se termina la monarchie, soit en 1910, la dictature
s’installa pendant 40 ans, plus précisément jusqu’en 1974. Par la suite, les
Portugais rejoignirent l’Union européenne le 1er janvier 1986. À ce jour,
ils ont donc une importante dette à rembourser, ce qui diminue leur pouvoir
économique.
Dans cette république, tout est cher, incluant le loyer (sauf
l’alcool et les cigarettes afin que le peuple ne se révolte pas). Le salaire
minimum est de 860 euros/mois. Ainsi, les Portugais ne font plus
d’enfants, et ce, même si sa population est la plus vieille d’Europe. Des
relents de la dictature (contrôle de l’état) sont toujours omniprésents comme la
facturation électronique de tous leurs achats. Le gouvernement sait ce que
chaque personne dépense avec l’imposition obligatoire d’un numéro fiscal que
les Portugais doivent présenter partout. De plus, ils paient beaucoup de taxes
(25 %) et l’une d’elles est en santé (selon leurs revenus
individuels). Il y a du privé aussi (inaccessible). La retraite est possible à
66 ans, mais peu de gens ont les moyens de la prendre. Les travailleurs ne
sont pas couverts en cas de maladie. L’assurance-emploi existe, mais ils ne
peuvent refuser que deux fois une offre. Je vous passe le reste. Force est de
constater qu’en comparaison au Québec, je vis dans de la ouate !
Néanmoins, il y a du positif. La République est verte, très
verte (éoliennes, voitures électriques, panneaux solaires) ! Même que, par
mesure de prévention, ils ont l’obligation de nettoyer les alentours de leur
demeure afin d’éviter que les incendies ne se propagent.
Les Portugais me semblent très résilients et dotés d’une grande
force de caractère. Ils doivent marcher droit, très droit. Un peuple introverti (tout en
retenue), riche de plusieurs cultures, dont un immense héritage islamique. Obrigada
à mon incroyable guide « E », qui ne peut se permettre de prendre des vacances puisque
sa vie, « c’est la survie » comme elle a dit. Somme toute, il n’y a pas que des
panoramas éblouissants au Portugal. Il y a aussi un peuple qui en arrache. Respect
pour cette génération sacrifiée.
« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à
chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux » (Marcel Proust).
Porto (Gaïa)
Crédit photo: moi-même