C’est un été chaud et humide que je savoure à grosses gorgées
de volupté. Il y a tant de gens que j’ai aimés qui ne peuvent plus le faire. Je
supporte bien la chaleur surtout allongée sur une imposante chaise suspendue,
recouverte d’un épais coussin rouge dans mon boisé juxtaposé à la rivière. La
plupart du temps, un vent s’y cache s’amusant à faire virevolter les feuillus. Une
belle fraîcheur chatouille mon visage et le museau blanc de mon chien Charlie.
Lui, couché entre mes jambes, il est au paradis. Mon cerveau s’engourdit au
même rythme que l’eau qui y coule. Il y a de ces moments que je goûte en ayant
l’impression d’être un gros paresseux accroché et suspendu à la branche d’un
arbre. Est-il plus doué à ne rien penser ? Mon corps est au neutre, mais mon esprit
voyage. En vieillissant, je deviens du papier de soie fragilisé, sans sa
merveilleuse légèreté. Serait-ce le cancer de mon fils (il est en rémission),
la maladie de mon conjoint (il a été sauvé), la mort d’un ami (l’été passé),
qui me font me sentir si vulnérable ? Pourquoi faut-il que j’analyse tout le
temps mes états d’âme ?
Bien que j’eusse préféré écrire sur autre chose (j’avais même commencé deux textes, l’un sur Biden et l’autre sur Céline), mon esprit me dicte celui-ci. Il sera songé et sera à prendre ou à laisser. Vieillir me rend anxieuse. Peut-être y a-t-il trop d’enterrements dans ma vie ?
Nous sommes des
humains de notre époque, mélangés avec plusieurs autres générations : la silencieuse
(1930-1945), les fameux babyboomers (1945-1965), la « X » (1965-1980), les
milléniaux « Y » (1980-1996), la « Z » (1995-2012), l’Alpha (2012-2022) et la
Beta (2020-2040). Il y a de quoi s’y perdre ! Mon petit doigt me dit que nos traditions
et nos croyances appartiennent à la période que l’on vit. Une dilution
progressive s’effectue naturellement jusqu’à disparaître avec le temps.
Perdurer est une utopie et justement, avancer en âge nous en fait prendre
conscience, trop d’ailleurs. Nous sommes des feux d’artifice, le moment d’un
instant. Plus chanceux que la plupart des papillons qui n’existent qu’une
journée à quelques semaines et même la nuit, ils dorment en plus ! Ça fait
court, je trouve ! Est-ce que mes pensées peuvent arrêter de papillonner ?
Mon grand ennemi est la peur de voir souffrir et mourir ceux
que j’aime. Vous le voyez bien, comme une fougère, je penche la tête. En fin de
compte, j’aurais peut-être dû parler de Céline, aux JO de Paris !
Chaque jour est un bonus de la vie. Une caresse sur du papier
de soie fripé.
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