J’ai beau vieillir, la petite
Nicole lunatique et perdue dans son monde n’est jamais très loin. Je suis une
solitaire. J’ai l’intensité au plafond, je m’émerveille de peu. Heureuse
lorsque je lis plusieurs livres en même temps et que les touches de mon clavier
font apparaître des mots sur l’écran de mon portable ou qu’un crayon de plomb trace
des lignes, des formes, avec ma main droite sur une feuille de papier blanche. N’empêche
que l’écriture demeure plus difficile que de dessiner des portraits ou de lire.
Malgré cela, je pense que je suis facile à vivre, mais pas toujours simple à
suivre.
Et j’ai pris une efface pour ne
plus voir le « je ».
Ciel que la petite Nicole était
excitée jeudi passé, lorsqu’elle est allée porter une boîte brune remplie d’exemplaires
de son roman historique « Elle avait aimé » au Musée du Fjord à La Baie (ville
Saguenay). Plus précisément sur les anciennes terres de son ancêtre, Alexis
Simard (1788-1875), figure marquante de la Société des vingt-et-un qui, en
1840, défia l’interdiction de cultiver de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Fallait
la voir, elle avait retrouvé ses 12 ans, étourdie par l’événement.
Pourquoi était-elle si contente ?
Ça part de loin, je vous explique. Un jour que la menue et maigrichonne Nicole
était en première année du primaire et qu’elle avait du mal à lire, sa mère lui
fit suivre des cours avec un professeur au privé dans le but qu’elle
s’améliore. Ce qui l’aida énormément même si, à ce jour, elle mélange encore
l’ordre et les lettres de plusieurs mots. C’est qu’elle n’arrive pas à
reconnaître la conversion des sons en lettres et vice-versa. En jargon de
professionnel, on appelle cela de la dyslexie phonologique et si l’on ajoute un
TDAH (diagnostiqué), on peut se demander pourquoi elle s’acharne à écrire.
C’est qu’elle aime tout simplement partager ses passions. Et pour y parvenir,
elle prend le temps qu’il faut, disciplinée comme dans l’armée.
Après le Musée de Charlevoix,
la boutique du spectacle de La Fabuleuse Histoire d’un Royaume, plusieurs
librairies au Québec, son roman se retrouve maintenant au Musée du Fjord
de La Baie (ville Saguenay). Que de chemin parcouru, d’acharnement pour
atteindre son but, être lu.
Le soir, Nicole vieillit, elle redevient une mamie. Ses bras se croisent sur elle-même et entourent ses épaules. La dame à la teinture brune camouflant des cheveux grisés chuchote à son oreille que la différence est un atout, pas un handicap. Alors le lendemain matin, la petite Nicole sort son portable pour écrire son deuxième roman parce qu’elle sait que même à la vitesse d’une tortue, elle va un jour le publier.
« On ne change pas. Une veste ne
cache qu’un peu de ce qu’on voit » Jean-Jacques Goldman.
Il y a toujours derrière soi, l'enfant d'hier.
P-S Merci au Musée du Fjord qui
encourage les auteurs natifs de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean !

Aucun commentaire:
Publier un commentaire