Je suis entrée chez Renaud Bray comme une croyante s’introduit
à l’église. L’espoir au cœur, tenant solidement ma carte-cadeau dans ma main
droite. En pleine semaine, mon regard fut inondé de milliers de bouquins avec
la présence parcimonieuse de quelques clients. Je me suis arrêtée aux romans
québécois afin d’y prendre quatre briques historiques de Jean-Pierre Charland,
mon auteur chouchou, qui aborde d’une main de maître, l’histoire, les mœurs et
les coutumes du Québec à différentes époques. Ensuite, je me suis dirigée vers les livres de poche.
— Tiens bizarre, je n’ai jamais lu « Trois baisers » de
Katherine Pancol ! me suis-je dit.
Ma main l’agrippa tout de suite pour le placer au-dessus de
ma lourde pile horizontale.
— Mais où se cache Harry ?
Marche, tourne, contourne, et recule. RIEN !
— Pourtant, il est sorti depuis deux jours, voyons… Ce
n’est pas possible ! marmonnais-je.
Arrive en face de moi, un grand jeune homme, aux cheveux
indisciplinés et au sourire timide. Je me suis lancée, malgré ma gêne, de
passer pour une cliente qui pourrait lire de bien meilleurs ouvrages que
celui-là. Certes, le jugement m’accompagne, je sais.
— Bonjour, je cherche le prince Harry, mais où se
cache-t-il ?
— Madame, vous êtes la dixième, aujourd’hui, qui me le
demande.
Je me suis sentie mieux, nous étions donc plusieurs à le
vouloir ! De toute façon, l’important est de lire, peu importe l’œuvre, me
suis-je dit.
— Madame, le livre est un best-seller. Il n’en reste
plus. Il faut nous laisser votre nom et nous vous rappellerons.
— Vous le recevrez quand ?
— Aucune idée. Il est en réimpression.
— Bon, merci quand même. Je vais essayer de le trouver
ailleurs. Au même moment que mon mari (pitoune pour les intimes) arrivait, en me
partageant l’idée d’aller voir chez Walmart.
L’ai-je trouvé ? OUI ! avec un beau 15 % de rabais ! Et
depuis, je le savoure à petites doses pour faire durer le plaisir. D’abord, il
est très bien écrit et traduit. Harry nous dévoile son histoire, sa vie dans la
Monarchie, toujours le second, le suppléant de William. C’est comme une
psychothérapie publique. Ce qui m’intéresse le plus est la description des
traits de personnalités des personnages, mais je ne suis rendue qu’au début. Ça
promet ! Deux choses me viennent en tête :
-
Sa
grande solitude et l’interdiction tacite de ne jamais montrer ses émotions, sa
détresse.
- Et que son père, le roi Charles, l’a toujours appelé : « mon cher fils ». Juste « Harry » aurait sûrement été trop familier.
Des heures de plaisirs m’attendent. Je m’entends dire à mes
enfants : « mes chers garçons, ma chère fille ! ». En attendant ce grand jour,
mon heure de douche sera maintenant à 19 heures, puisque je devrai
m’habiller comme une reine tous les jours du reste de ma vie ! Mon heure de repas
sera maintenant à 20 heures, pour une durée approximative de deux heures !
(Au secours, moi qui mange vite !).
Harry étale sa vie, ses émotions, sa vérité sur un plateau d’argent (sens propre et figuré). William et le roi gardent leurs émotions, leur vérité pour eux-mêmes. Oubliez la présence du suppléant au couronnement de son père. La réconciliation n’est pas pour demain. Sa liberté a un prix, le rejet de sa famille. Dure réalité que la Monarchie, avec ses codes et ses règles moyenâgeux. Ciel, que je suis contente de n’être qu’une roturière descendante éloignée, par deux fois, d’Anne d’Este, princesse franco-italienne. La dissolution est savourée, mes chers amis, mes chers lecteurs. Le couronnement du roi Charles III sera le 6 mai prochain. À suivre…
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