jeudi 20 juin 2024

Caroline Dawson

 


Le 19 mai dernier, Caroline Dawson est décédée des suites d’un cancer. Elle n’avait que 45 ans. L’autrice nous lègue « Là où je me terre », un récit parut en 2020. C’est l’histoire d’une petite fille de 7 printemps, allergique aux injustices, déracinée de son Chili natal et qui se retrouve au Québec. Sociologue au cégep et maman de deux jeunes enfants, la mort est sans cœur.  

Il y a des hasards qui me font sourire. Coïncidences, signes du destin ou synchronicités invisibles ? Je n’en sais rien. Je vous raconte. Mardi dernier, en manque de mes doses de drogues littéraires, en pleine canicule, je me suis rendue à ma charmante et minuscule bibliothèque située au village. Je venais tout juste d’arriver lorsque l’une des deux bénévoles, celle avec les cheveux enneigés, se dirigea vers moi d’un pas décidé.

Un livre dans les mains, elle m’annonça d’un ton un peu autoritaire et d'une voix forte :

— Vous devriez lire ceci ! Je ne l’ai pas lu, mais ma sœur, elle, oui ! Il est tout petit, vous allez le finir dans deux jours, maximum. Vous lisez vite !

J’étais stupéfaite. Je voulais justement le réserver, mais ça m’avait complètement sorti de la tête. « Cette dame est une sorcière qui s’ignore », pensais-je, en ajoutant :

— Merci ! Je le prends ! Je vous en donnerai des nouvelles.

Je l’ai placé sur mon cœur, entouré de mes bras, il était mien. Et puis…

Caroline Dawson a écrit une œuvre percutante, profonde et bouleversante. De sa plume d’hypersensible et d’une manière désarmante, elle nomme adroitement les différences entre les classes sociales. Les siennes, parfumées de honte et d’isolement. Les miennes, si éloignées d’elle.

Alors, en cette journée internationale des réfugiés, ce livre est un incontournable. Tout le monde devrait le lire, car les mots de Caroline Dawson servent de ponts entre nous tous.

 

mardi 18 juin 2024

La grande Céline Dion

 


                                             

Hier, à mon réveil, les cheveux en bataille, les pieds qui traînaient sur le plancher brun marbré en bois flottant, je me suis dirigée vers mon homme. Appuyé sur le comptoir de la cuisine, il sirotait son café. En me voyant arriver, un léger sourire se dessina sur son visage. Ma tête se déposa sur son épaule comme un chat recherchant de l’affection. Il me dit :

— Si ça continue comme ça, je vais arrêter mon golf. Je ne m’améliore pas du tout. C’est pire que l’an passé.

— Quoi ? lui ai-je marmonné, la bouche un peu pâteuse.

— J’y pense, ajouta-t-il.

— Pense s’y même pas ! Céline, elle, a une maladie orpheline dégénérative et elle s’entraîne comme une malade pour revenir sur scène ! T’as vu dans le documentaire de Jean-Philippe Dion, elle fait des crises tellement terribles qu’elle doit avoir à sa disposition des boutons d’alarme dans sa maison pour que ses ados, Eddy et Nelson, interviennent !

Mon homme, songeur, continua de boire sa dose de réconfort pendant que j’ouvris le frigo pour nous servir du jus d’orange dans deux petits verres bleus transparents.

Puis, mon laïus se poursuivit :

— Bon, bon, bon, lors du visionnement, pendant une pause, je t’ai dit qu’elle devrait décrocher, penser à retrouver un semblant de santé et profiter du temps qu’il lui reste pour voir grandir ses enfants. Aujourd’hui, je vais être plus nuancée. Céline devrait, ne devrait pas, je ne sais pas, parce que je ne chausse pas ses souliers. Je ne peux que trouver extrêmement triste ce qui lui arrive, mais toi, tu dois poursuivre. Ton cœur a été remis en fonction pour un bon vingt ans encore. Alors, golf must go on !

Il y a beaucoup de Dion, mais juste une Céline avec une voix unique, un destin unique et une fichue de maladie unique ! Cette athlète de haut niveau nous donne une leçon de vie, de persévérance et de courage. Cinq jours par semaine, elle fait de la réhabilitation vocale et physique. Peut-être la verrons-nous chanter à l’ouverture des Jeux olympiques de Paris ? Mais Céline, c’est Céline. Nous sommes tous différents face à l’adversité.

Le documentaire « Je suis : Céline Dion » sera disponible sur la plateforme Prime Video, le 25 juin prochain. En attendant, notre diva nationale nous motive, un peu, beaucoup, passionnément. Prenez la dose qui vous convient parce que ça ne peut que vous faire du bien ! 

lundi 10 juin 2024

La saga d'être publiée


« N’attends pas d’atteindre ton objectif pour être fier de toi. Sois fier de chaque pas que tu fais »

Karen Salmansohn

Quelle belle pensée à méditer ! Parce que dans mon cas, il deviendra mon mantra des prochains mois. Je vous explique. Écrire un roman prend du temps parce qu’il faut le peaufiner plusieurs fois. C’est à l’image d’une dentellière tissant différents personnages, lieux et intrigues. Les mots se transforment en fils de coton et le crochet est le clavier. Pour ma part, cela m’aura demandé deux ans, la tête dans les nuages, constamment habitée par eux, jour et nuit. Je vous passe les années de recherches à fouiller sur l’époque. Un vrai travail de moinesse ! Entre vous et moi, je n’ai pas écrit un chef-d’œuvre ni un navet. Il y en a des meilleurs et des pires. Le mien est une saga historique à deux récits parallèles. Autant dire très niché et pas au goût du jour. Sans compter que je suis une pure inconnue autodidacte. Je vous passe l’âgisme.

Et la publication dans tout cela ?

Tout a commencé par une inscription à un concours littéraire en 2023 que je n’ai pas gagné, mais qui m’amena à recevoir les précieux conseils d’un agent. Ce qui, finalement, m’ouvrit une porte dans une grande maison d’édition québécoise. Elle se referma lorsque la réputée directrice mentionna :

  • ·       Belle plume ;
  • ·       Personnages vivants et leurs relations bien dépeintes ;
  • ·    Pas de tension dramatique qui vient sous-tendre l’ensemble du roman. La quête du personnage principal ne suffit pas à cet égard.

Certaines maisons d’édition reçoivent 800 manuscrits par année et n’en publient qu’un petit nombre. C’est encore beau d’avoir été lu ! Je sais, mais je veux aussi être publiée !

Puis, vint un second refus. Quoique charmant, celui-ci me toucha droit au cœur :

  • ·       Grande maîtrise de la langue ;
  • ·       Contextualisation historique exceptionnelle ;
  • ·       Trop de trames différentes à la fois.

De ces fins de non-recevoir, il y a quand même une minuscule petite lueur d’espoir. Celle avec un dernier éditeur, mais son choix final s’effectuera « avant juin 2025 ». Attendre encore un an… À mon âge, j’ai le temps de mourir dix fois ! Alors, je me suis mise à faire des recherches dans le monde de l’autoédition. Il y en a pour tous les goûts et les bourses, entre 1000 $ et plus de 5000 $. C’est à s’y perdre. Je vous assure.

Tout compte fait, j’ai décidé d’attendre et de vivre au lieu de commencer un autre manuscrit. Faire ce que j’avais mis de côté, ignoré, tassé, afin d’écrire à n’en plus finir. Quelquefois, il m’arrive de laisser glisser mon crayon de plomb sur du papier à dessin pour faire apparaître des visages féminins. Mon portable est en quarantaine prolongée, caché entre le long bureau de ma chambre et le mur. Je le boude. Et qu’il n’essaie surtout pas de m’amadouer !