Crédits : ©Antoine
DOYEN/Opale/
Je suis assise devant mon portable à la table de la cuisine, ce
meuble ordinaire qui détient une valeur sentimentale extraordinaire. Je
me gave d’entrevues en boucles d’Éric-Emmanuel Schmitt sur You Tube. À
ma droite, un verre de vin blanc décante. En face de moi, l’amour de ma vie apprête
pâtes et pétoncles. Vadrouille, mon énorme chien (faux, il est petit et ne
porte pas ce prénom), est couché sur mes vieilles sandales Crocs grugées par sa
dentition (vrai).
Monsieur Schmitt, grand philosophe à la Didelot et aux 25 millions
de livres vendus, raconte sa visite sur la Terre sainte à la demande du pape
François. Ses connaissances, son intelligence, son authenticité, sa vulnérabilité
me touchent droit au cœur. Je me sermonne en me ramenant les deux pieds sur
terre. « Il a beau être un érudit, il n’est pas si différent de ce que nous
sommes », pensé-je. Mais je ne me crois pas. Comment fait-il pour vivre
normalement ? Peut-être avons-nous les mêmes doutes, les mêmes peurs ? De mon
côté, je suis une fourmi charpentière, une exploratrice aux délicates antennes
arquées, à la recherche d’une parcelle de la sagesse et du talent de cet homme.
Je me contente de ce que je suis, sans juger mes limites. J’y arrive très bien.
Pendant que je goûte au délicieux nectar italien qui sommeille
dans une coupe Riedel, je me laisse griser par son témoignage. Un peu comme si
j’étais invitée à une soirée et qu’il daignait me parler (OMG ! ). Je demeure ébahie de
ce qu’il partage, de ses connaissances, de son analyse. Sa foi me dépasse, l’homme
aussi. Il semble avoir tout compris. « La grâce se dévoile souvent à nous. Il
vaut mieux se construire sur des éblouissements que sur des effacements »,
dit-il, devant un Stéphane Bureau stoïque. Comment a-t-il fait pour garder de la contenance face à une telle vérité ?
Je n’ai pas besoin de la religion, j’ai juste soif d’humains
qui m’élèvent lorsque je les écoute, peu importe ce que la personne est, ou ce
qu’elle fait dans la vie. Eric-Emmanuel Schmitt est l’un d’eux. Pourrions-nous
le cloner pour les générations futures ?
Le repas est prêt. Que demander de plus ? Sa foi peut-être.
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