Lorsque j'étais haute comme trois pommes, je ticotais du vent. En fait, je vous précise que ticoter, c'est la même chose que tricoter pour un adulte.
J'ai toujours vu ma mère faire danser ses doigts de fée en enrubannant la laine sur deux longues broches en écoutant la télévision. Cette artiste exprimait ses sentiments par un don de son temps et une extrême minutie technique. Maman ne disait pas qu'elle nous aimait, elle tricotait son amour tout en s'empêchant de se ronger les ongles. Elle n'avait pas un chien qui la suivait, mais bien de nombreuses balles de laine de toutes les couleurs et d'une grande douceur. Nous sommes loin de la rugosité des pantoufles en Phentex ! À Noël, nous récoltions les fruits de ses perles laineuses.
J'ai encore dans mon coffre de cèdre tous les trésors réalisés pour mes trois enfants (voir photo). Je ne peux pas m'en séparer et lorsque le temps de la nostalgie des fêtes arrive, j'ouvre le lourd couvercle, j'enlève délicatement le papier bleu qui les recouvre et je me plonge le nez dedans pour les sentir. Je sniffe ma mère. L'odeur est imperméable au temps qui passe. Je n'ai jamais appris à tricoter. J'écris. J'écris mon amour pour elle.
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