Crédit photo: Par Herman Deutman (1870-1926). https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2449255
Il était une fois une princesse qui s’appelait Juliana. Pas
Diana ni Kate. Elle était l’unique héritière de la reine Wilhelmine et du
prince Henri des Pays-Bas. Sa vie semblait paradisiaque, mais ce n’était qu’un
mirage rose bonbon, car elle devait respecter à la lettre une éducation rigoureuse,
sévère et protocolaire. Enfant solitaire, sans une fratrie ni amis, elle n’eut
qu’une idée en tête : « Lorsque je serai grande, j’aurai une grosse famille ! »
C’est donc à 27 ans, aux Jeux
olympiques de 1936, qu’elle rencontra son prince charmant, un Allemand. Un an après, le
mariage fut célébré et la maternité ne tarda pas à illuminer son existence. Beatrix
montra le bout de son nez, en premier, Irène l’imita l’année suivante.
En 1940, face à l’invasion nazie, l’Altesse Royale, qui avait
alors 31 ans, partit avec ses deux fillettes sur le chemin de l’exil pour
se réfugier à Stornoway, à Ottawa (maintenant la résidence officielle du chef
de l’opposition). Le prince, lui, resta à Londres, afin de coordonner avec la
reine Wilhelmine les forces militaires des Pays-Bas avec la Grande-Bretagne. Toutefois,
il lui rendit visite plusieurs fois et en janvier 1943, Juliana donna alors
naissance à Margriet, en l’honneur de la marguerite, symbole de la résistance
hollandaise.
Jusque-là, l’histoire est chouette. Je poursuis.
Juliana, qui considérait sa famille semblable aux autres, décida
d’envoyer ses petites chéries à l’école publique et conséquemment, ses filles
goûtèrent à ce qu’elle n’avait jamais connu : apprendre et s’amuser avec des
amies, demeurer dans une maison de campagne et savourer une certaine liberté. Au
Canada, les règles strictes de la cour étaient presque inexistantes et vivre
différemment devenait grisant. La famille dégustait le plaisir de se sustenter,
tous ensemble, dans une humble salle à manger au lieu d’une immense salle de
bal. Comment ne pas apprécier ? Par ailleurs, Juliana ne se croisa pas les bras
en attendant que la guerre se termine, elle s’engagea dans la résistance jusqu’en
1945, l’année de son retour dans son pays. Finalement, elle devint reine en 1948. Je
vous épargne le reste de l’histoire de sa vie.
Revenons à Ottawa. Pourquoi les tulipes au printemps envahissent-elles
la capitale du Canada ? Donnez-vous votre langue au chat ? C’est en
reconnaissance aux 7 600 soldats canadiens qui ont péri lors de la
libération des Pays-Bas et pour avoir accueilli la princesse Juliana et ses
enfants pendant la Deuxième Guerre mondiale durant cinq ans. Ainsi, depuis
1945, chaque année, le gouvernement néerlandais envoie au Canada des milliers
de bulles de cette fleur printanière. Ce qui, avec le temps, donna l’idée à la
ville d’Ottawa de créer Le festival canadien des tulipes. Cette
année, il aura lieu du 10 au 20 mai, 300 000 tulipes y fleuriront le
long du canal Rideau.
Il était une fois, une plante vivace, sans odeur, qui repoussait
d’année en année à Ottawa, grâce assurément à la reine Juliana !
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