vendredi 22 novembre 2024

On ne touche plus à rien !

 


Après des recherches qui ont duré dix ans. Après l’avoir réécrit, retouché, retravaillé et recorrigé, pendant deux autres années. Après un mois de corrections intensives, de moult jeux de ping-pong avec mon éditrice, mon bébé littéraire (mon manuscrit), a enfin atterri à la pouponnière de ma maison d’édition. Et maintenant, c’est fini! Je me sens comme une candidate lors de l’un des défis d’élimination de la palpitante émission MasterChef Québec. J’entends : « On ne touche plus à rien! C’est terminé! ». Au secours! 

Le fait est que j’ai pesé un peu à reculons sur le bouton « enter » de mon portable. Quelques secondes plus tard, j’ai même pleuré! Serait-ce la peur qu’il s’y cache encore une ou des coquilles? Serait-ce que de vivre mon rêve me donne le vertige? Serait-ce que mes personnages me manquent?

Écrire, c’est sculpter des émotions avec des mots. C’est créer des relations intimes avec chacun des protagonistes en les accompagnant d’une montgolfière de bienveillance. C’est aussi essayer de comprendre ce qu’ils sont et interpréter leurs actions. Toucher du doigt leur cœur, les effleurer pour ne pas les effaroucher et les aimer sans compromis.

Maintenant, j'attends de recevoir la page couverture. Pas de date prévue. Fébrile, je me sens comme une femme enceinte qui se dirige à l’hôpital pour sa dernière échographie. À qui mon bout de chou va-t-il ressembler ? 

Et puis, je tourne à 180 degrés.

— En tout cas, je n’ai pas encore lu ton roman, mais s’il est pourri, il n’aura pas de fautes! me dit mon chéri pendant l’une de nos longues marches automnales.

Ça m’a fait rire.

lundi 11 novembre 2024

La bonne soeur et son manuscrit



Crédit photo: moi-même (Fatima, Portugal, automne 2024)

Dans son abbesse, en pleine campagne québécoise, entre ceci (l’élection de Trump, la défaite d’Harris) et cela (Masterchef-Québec), la nonne laïque Nicole vient de terminer la correction de son manuscrit. Ce fût, semble-t-il, un véritable travail de moinesse, les prières en moins.

Sœur Nicole, qui est appelée aussi la nonne économe (elle est gratteuse) a pris trois semaines, à temps partiel, pour trouver ce que le logiciel de l’éditeur n’avait pas repéré et également constater que le passé simple n’était pas sa force.

Ce travail de longue haleine n’est pas terminé, il restera l’ajout de la page couverture du graphiste, la correction finale de l’éditeur, puis la sienne (encore…).

Je la regarde du coin de l’œil… Elle me semble un peu anxieuse. Y aura-t-il encore des fautes après la publication de son roman? pense-t-elle, peut-être.

Alors, en même temps qu’elle enleva sa cornette, elle s’exclama d’une voix forte : « Il faut cesser de penser à ce qui pourrait mal se passer et s’exciter à l’idée de ce qui pourrait bien aller! ».

Je n’ai pu m’empêcher de lui murmurer à l’oreille cette autre citation : « La foi, c’est monter la première marche alors que vous ne voyez pas tout l’escalier ».

Elle a aimé et m’a souri, puis, elle a remis sa cornette invisible (plus chaude qu’un simple voile) pour aller promener son chien très poilu. Son manteau noir cachait un jeans bleu. Bien hâte de la revoir pour savoir la suite.